Quand un exanthème pourrait-il signaler une infection à Chlamydia ?
- Dr. Sandra Yene Amougui
- il y a 2 jours
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Les chlamydiae sont des bactéries responsables de certaines infections sexuellement transmissibles (IST) fréquentes, dont la plus connue est Chlamydia trachomatis. Cette dernière peut provoquer des urétrites, cervicites, conjonctivites et, dans de rares cas, des complications systémiques. Une forme particulière, le Lymphogranuloma venereum (LGV), reste plus rare et se manifeste par des lésions ulcéreuses et une augmentation des ganglions lymphatiques. D’autres espèces comme Chlamydia pneumoniae ou Chlamydia psittaci ne sont pas sexuellement transmissibles et sont donc moins pertinentes pour la pratique gynécologique ou urologique.

Symptômes et manifestations
Chez les femmes, la majorité des infections passent inaperçues, mais certains symptômes peuvent apparaître : écoulement vaginal, brûlure en urinant, douleurs pelviennes. Sans traitement, des complications graves comme salpingite, infertilité ou risque de prématurité peuvent survenir.
Chez les hommes, les signes les plus fréquents sont urétrite, écoulement et brûlure à la miction, tandis que l’épididymite reste plus rare.
Concernant les manifestations cutanées, elles sont extrêmement rares (<5 %). Lorsqu’elles apparaissent, par exemple dans le cadre d’une infection disséminée ou du syndrome de Reiter, l’éruption est généralement maculopapuleuse, localisée sur les paumes, les plantes des pieds, parfois le tronc ou les membres. Elle peut être légèrement prurigineuse mais reste le plus souvent indolore.
Le syndrome de Reiter
Le syndrome de Reiter est une arthrite réactionnelle post-chlamydienne, touchant surtout les jeunes hommes. Sa triade classique associe :
Urétrite
Arthrite (genoux, chevilles, orteils)
Conjonctivite ou uvéite
Des manifestations cutanées comme la kératodermie blennorragique (paumes et plantes) ou, plus rarement, des aphtes buccaux et des modifications des ongles peuvent survenir. La fréquence de ce syndrome reste faible : 1–4 % des infections à Chlamydia.
Fréquence et évolution
Les infections à Chlamydia concernent environ 5 à 10 % des jeunes adultes sexuellement actifs, avec des pics pouvant atteindre 20 % dans certains pays en développement. Une auto-guérison est possible mais rare, et l’infection peut persister plusieurs mois sans symptômes. L’apparition d’un exanthème est très exceptionnelle et le syndrome de Reiter reste rare.
Transmission
Les chlamydiae se transmettent principalement de manière sexuelle (vaginale, anale, orale) et peuvent passer de la mère à l’enfant lors de la naissance, entraînant conjonctivite ou pneumonie néonatale. Elles ne se transmettent pas par la poignée de main, les vêtements ou les surfaces.
Diagnostic
Le test PCR est le gold standard : il permet de détecter l’infection actuelle sur l’urètre, le col de l’utérus, l’urine, le pharynx ou le rectum, avec une très haute sensibilité et spécificité.
La sérologie, quant à elle, ne montre qu’un contact passé avec le germe, mais ne permet pas de savoir si l’infection est actuelle ni si elle est guérie. Elle est donc souvent utilisée à tort et reste peu fiable pour le diagnostic ou le suivi thérapeutique.
Traitement
Le traitement repose sur des antibiotiques efficaces et simples à administrer, comme l’Azithromycine en dose unique ou la Doxycycline pendant 7 jours. Les médecines traditionnelles ou remèdes maison n’ont aucune efficacité démontrée et retardent le traitement correct.
Risques si non traitée
Femmes : salpingite, infertilité, prématurité, infection néonatale
Hommes : urétrite chronique, épididymite
Nouveau-nés : conjonctivite, pneumonie
Conclusion
Une éruption cutanée n’est pratiquement jamais un symptôme de Chlamydia, et le syndrome de Reiter reste rare. Le dépistage par PCR est indispensable, la sérologie étant surtout historique et peu fiable. Les antibiotiques représentent un traitement simple et efficace, tandis que les méthodes traditionnelles sont inutiles.
Un dépistage précoce et un traitement rapide permettent d’éviter les complications chez les femmes, les hommes et les nouveau-nés.
Prenez soin de vous!
Cordialement,
Dr. Sandra Yene Amougui



