« Le stress peut-il provoquer un cancer du sein ? » – Ce que disent vraiment les chercheurs
- Dr. Sandra Yene Amougui

- 10 oct.
- 2 min de lecture
Le mois d’octobre, mois international de sensibilisation au cancer du sein, rappelle que cette maladie ne touche pas seulement le corps. Elle atteint aussi l’esprit, le cœur, la vie intérieure. De plus en plus d’études s’intéressent au lien entre santé mentale et cancer du sein, tant avant qu’après le diagnostic. Mais que sait-on vraiment ? Et que reste-t-il encore à comprendre ?

Avant le cancer : la santé mentale comme facteur de risque ?
Depuis plusieurs années, des chercheurs se demandent si la dépression, l’anxiété ou le stress chronique pourraient influencer le risque de développer un cancer du sein.Certaines études, comme une grande analyse génétique publiée dans BMC Medicine en 2023, ont observé une légère association entre la dépression et un risque accru de cancer du sein – environ +12 %. D’autres travaux de type case-control ont montré que des événements de vie majeurs (deuil, séparation, stress professionnel intense) pouvaient être liés à un risque plus élevé.
Cependant, les chercheurs insistent :
Ces liens restent faibles et ne prouvent pas une relation de cause à effet.Le stress ou la dépression ne « créent » pas un cancer. Ils peuvent influencer des mécanismes hormonaux (comme le cortisol), l’immunité, le sommeil ou les comportements (tabac, alcool, alimentation), qui eux-mêmes jouent un rôle dans le risque global.
Les études diffèrent beaucoup selon les populations, la façon de mesurer le stress, et les autres facteurs de mode de vie. Il est donc important de garder une grande prudence dans l’interprétation : la santé mentale n’est pas un « facteur de risque majeur », mais elle fait partie d’un ensemble plus large d’équilibres physiologiques et psychologiques.
Pendant et après le cancer : soigner aussi l’esprit
Une fois le diagnostic posé, la santé mentale devient une dimension essentielle du traitement.Entre 30 et 40 % des femmes touchées par un cancer du sein présentent des symptômes dépressifs ou anxieux, surtout dans les mois suivant la chirurgie ou pendant les traitements hormonaux. Ces troubles sont compréhensibles : la peur de la récidive, la modification du corps, la fatigue et la perte de repères affectent profondément l’identité et la qualité de vie.
Plusieurs études ont montré que les patientes bénéficiant d’un soutien psychologique régulier – individuel ou en groupe – vivent mieux leurs traitements et adhèrent davantage à leur suivi médical.Certaines recherches suggèrent même que la dépression non traitée pourrait influencer négativement la récupération, la réponse immunitaire et, dans certains cas, le pronostic global.
Mais au-delà des chiffres, la santé mentale représente un pilier de la guérison.Se reconstruire après un cancer du sein, c’est aussi réapprendre à faire confiance à son corps, à retrouver du plaisir, du sens, du lien. Le travail psychologique, l’écoute, la parole, la méditation, la spiritualité ou l’art-thérapie peuvent aider à rétablir ce dialogue intérieur que la maladie a brisé.
En résumé
La santé mentale n’est pas une cause directe du cancer du sein, mais un élément important de l’équilibre général.
Stress, anxiété et dépression peuvent moduler certains mécanismes biologiques liés à la maladie.
Après le diagnostic, le soutien psychologique est aussi essentiel que le traitement médical.
Prendre soin de son esprit, c’est aussi prendre soin de sa santé.
Prenez soin de vous!
Cordialement,
Dr. Sandra Yene Amougui







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