Infertilité inexpliquée : quand tous les examens sont normaux
- Dr. Sandra Yene Amougui
- il y a 1 jour
- 3 min de lecture
Bonjour Docteure,
Mon mari et moi essayons d’avoir un enfant depuis un an et demi. J’ai fait tous les examens recommandés, tout est normal de mon côté. Mon mari a aussi fait un spermogramme, qui était bon. Pourtant, je ne tombe pas enceinte. On nous parle maintenant d’infertilité inexpliquée… Comment est-ce possible ?
Pauline*, 29 ans *nom anonymisé

Chère Pauline,
Votre situation est malheureusement plus fréquente qu’on ne le pense. Environ 10 à 20 % des couples confrontés à des difficultés de conception reçoivent un diagnostic d’infertilité inexpliquée, c’est-à -dire qu’aucune cause précise ne peut être identifiée malgré des examens complets et normaux chez les deux partenaires.
Qu’entend-on par infertilité inexpliquée ?
L’infertilité est définie comme l’absence de grossesse après 12 mois de rapports réguliers non protégés. Lorsqu’un couple consulte pour ce motif, une série d’analyses est généralement proposée : bilan hormonal chez la femme, évaluation de l’ovulation, vérification des trompes (par hystérosalpingographie ou hysterosonographie), spermogramme chez l’homme…
Lorsque tous ces résultats sont dans les normes, mais que la grossesse ne survient toujours pas, on parle alors d’infertilité inexpliquée. Cela peut être frustrant, car on attend souvent une cause pour pouvoir agir.
Quelles peuvent être les raisons possibles, malgré des examens normaux ?
Il faut savoir que les examens de fertilité évaluent certains paramètres de manière globale, mais ne permettent pas toujours de détecter des anomalies subtiles, comme :
Une mauvaise qualité ovocytaire, non visible sur une simple courbe ou échographie ;
Des troubles de la fécondation ou de la nidation non détectables ;
Un problème d’interaction entre les spermatozoïdes et la glaire cervicale ;
Des déséquilibres immunologiques ou inflammatoires de l’endomètre ;
Des micro-anomalies spermatiques non visibles au spermogramme de base.
Quelle prise en charge envisager ?
La prise en charge dépend de l’âge de la femme, de la durée d’infertilité et du contexte général. À 29 ans, vous avez encore une bonne réserve ovarienne, ce qui est un facteur positif. Voici les options possibles :
Poursuivre les essais naturellement quelques mois de plus, surtout si l’infertilité est « jeune » (moins de 2 ans) et les cycles réguliers ;
Envisager une stimulation ovarienne légère avec insémination intra-utérine (IIU), pour favoriser la rencontre ovocyte–spermatozoïde au bon moment ;
Si plusieurs IIU échouent ou si la femme approche 35 ans, proposer une fécondation in vitro (FIV), même sans cause apparente.
L’importance de l’accompagnement émotionnel
L’infertilité inexpliquée peut être une source de détresse psychologique importante. Il est essentiel de pouvoir en parler, en couple, avec un professionnel de santé, voire un(e) psychologue spécialisé(e) dans les troubles de la fertilité. L’attente prolongée sans explication peut générer du stress, parfois même un sentiment de culpabilité.
Faut-il envisager des examens plus poussés ?
Dans certains cas, des bilans plus avancés peuvent être proposés : test de réceptivité de l’endomètre (ERA), hystéroscopie diagnostique, test de fragmentation de l’ADN spermatique, ou encore étude immunologique. Ces examens ne sont pas systématiques et dépendent de chaque situation clinique.
En conclusion, l’infertilité inexpliquée ne signifie pas qu’il n’y a aucune chance de concevoir : beaucoup de couples finissent par avoir un enfant, parfois spontanément, parfois avec un petit coup de pouce médical. Le mot-clé reste patience et accompagnement, car chaque parcours est unique.
Bien à vous,
Docteure Sandra Yene Amougui
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Je répondrai dans un prochain article.