Comment décoller un accollement utéro-ovarien – et faut-il vraiment le faire ?
- Dr. Sandra Yene Amougui

- 18 juil.
- 3 min de lecture
Chère Dr Sandra Yene Amougui,
Lors de mon échographie, on m’a dit que mon ovaire était collé à l’utérus… Est-ce grave ? Est-ce que cela peut expliquer mes douleurs ou mes difficultés à tomber enceinte ?
Sophie*, 34 ans *nom anonymisé

Chère Sophie,
Merci pour votre question – elle est fréquente, et vous n’êtes pas la seule à vous inquiéter après ce genre de découverte à l’échographie.Un ovaire "collé" à l’utérus signifie souvent qu’il existe un accollement utéro-ovarien, c’est-à-dire un lien anormal entre les organes pelviens, dû à des adhérences. Cela peut être bénin, mais parfois aussi en lien avec des douleurs chroniques ou des troubles de la fertilité. Faisons le point ensemble.
Qu’est-ce qu’un accollement utéro-ovarien ?
Un accollement utéro-ovarien signifie que l’ovaire n’est plus libre dans le petit bassin, mais adhère à l’utérus. Cela est généralement dû à la présence d’adhérences, de fines membranes fibreuses formées après une inflammation ou une chirurgie.
Ces adhérences peuvent résulter de :
Chirurgies pelviennes ou abdominales (césarienne, appendicectomie, chirurgie de l’endométriose),
Infections pelviennes (salpingite, endométrite),
Maladies inflammatoires chroniques, notamment l’endométriose.
Est-ce que c’est grave ?
Pas toujours.
De nombreux accolements sont asymptomatiques et découverts par hasard à l’échographie ou en cœlioscopie.Mais dans certains cas, ils peuvent :
Perturber la mobilité des trompes et donc nuire à la fertilité,
Provoquer des douleurs pelviennes chroniques,
Être associés à une endométriose sévère ou à d’autres lésions profondes.
Chaque situation est unique, et il faut évaluer la pertinence d’un traitement en fonction des symptômes, du projet de grossesse et des examens complémentaires.
Faut-il forcément opérer ?
Non. La libération chirurgicale des adhérences (par cœlioscopie) n’est envisagée que si l’accolement est responsable de douleurs importantes ou parfois pour des troubles de la fertilité.
L’intervention consiste à :
Visualiser les organes pelviens,
Libérer les ovaires, trompes ou utérus s’ils sont « emprisonnés »,
Restaurer leur mobilité naturelle.
Mais comme toute chirurgie, la cœlioscopie comporte des risques — y compris… la formation de nouvelles adhérences. Elle n’est donc pas indiquée systématiquement.
Existe-t-il des alternatives ? Et les antibiotiques ?
Face à un accollement isolé, sans infection aiguë ni douleurs majeures, une surveillance peut suffire. Il est parfois utile de compléter l’évaluation par une IRM pelvienne ou une consultation spécialisée en infertilité.
Concernant les antibiotiques, il est important de rappeler :
Les adhérences ne sont pas une infection.
Les antibiotiques n’ont aucun effet sur un accollement s’il n’y a pas de signe d’infection active (douleur aiguë, fièvre, prélèvements ou bilan inflammatoire évocateurs).Malheureusement, des traitements sont parfois prescrits « par précaution », sans réel fondement. Or, les antibiotiques mal utilisés peuvent déséquilibrer la flore vaginale, intestinale, et créer d’autres problèmes.
Quand faut-il envisager une chirurgie ?
Un traitement chirurgical peut être proposé dans certains cas bien définis :
Infertilité inexpliquée, notamment en cas d’échecs répétés en FIV,
Douleurs pelviennes chroniques et invalidantes,
Suspicion d’endométriose sévère à l’imagerie ou au bilan clinique.
En résumé
Un ovaire collé à l’utérus n’est pas toujours synonyme de maladie grave.
- Il peut être totalement bénin et ne nécessiter aucun traitement, surtout s’il est découvert par hasard.
- La chirurgie n’est indiquée que si l’accolement a un retentissement clinique réel.
- Et les antibiotiques ne sont utiles que s’il y a une infection prouvée ou fortement suspectée.
En cas de doute, il est essentiel de consulter un·e gynécologue pour évaluer la situation dans sa globalité.
Bien à vous,
Dr. Sandra Yene Amougui







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